Le yoga n’est pas fait pour moi

Je viens de rencontrer une femme qui m’expliquait vouloir se mettre au yoga, mais après une séance elle est arrivée à la conclusion que

“ non, ce n’est pas fait pour moi, je suis trop stressée pour ça ”

Pendant cette première séance, son professeur lui répétait de “ connecter et d’être présente ” ; n’y arrivant pas, étant constamment embarquée par le flot de ses pensées c’est un sentiment d’échec et d’anxiété qui a pris place, et cette bien triste conclusion que “ ce n’est pas fait pour moi ”.

Je crois que nous sommes nombreux, professeurs et humains, à ne pas se rendre compte de la portée et de l’impact de nos mots. De quelle manière une phrase peut rompre espoirs et tentatives.

Je suis la première à faire des erreurs, il n’y a aucun procès ni jugement envers quiconque dans cet article.

Demander à une élève d’être dans le présent pendant sa pratique, pendant sa posture - surtout au premier cours - c’est tout autant demander à une personne de ne “ pas imaginer une girafe rose avec des points verts “, vas-y je te laisse tenter l’expérience mais je sais que tu es déjà en train de l’imaginer.

Demander d’être connecté au présent c’est demander à une personne triste d’être joyeuse, une personne en colère de se calmer, c’est contre-productif et dessert la volonté première de l’enseignant.

J’entends bien souvent des personnes m’énumérer les raisons pour lesquelles elles ne sont pas “faites” pour le yoga. Ce sont bien souvent toutes ces raisons qui font que le yoga est probablement exactement la pratique souhaitable. J’ai été la première dans ce cas là ; pas souple pour un sou, en colère permanente, émotionnellement instable et incapable de comprendre le fameux “ vous n’êtes pas vos pensées “.

J’ai essayé nombreux cours, nombreux profs, j’ai continué malgré tout. J’ai continué malgré la colère qui surgissait à chaque fin de cours parce que “je n’y arrivais pas”.

Un espace pour se découvrir

Mais arriver à quoi ? Dis moi, à quoi doit-on arriver en yoga ?

La pratique du yoga est un terrain d’expérimentation, un espace pour se découvrir, observer ses pensées, ressentir ses émotions, s’autoriser à être. L’aspect physique arrive en second plan, finalement c’est ce qui en découle. Oui, tu seras probablement plus souple, ou pas, mais là n’est pas la question.

Ce que mon expérience m’apprend, c’est que dérouler mon tapis a enclenché une transformation profonde, bien au-delà de l’aspect physique, bien au-delà d’une volonté quelconque d’être une personne zen et stable en toutes circonstances ; je ne le suis pas, mais je le suis bien plus qu’avant. Je peut regarder dans le rétroviseur de ma vie et constater que j’appréhende beaucoup mieux ma vie, mes émotions et mes colères.

Je sais ressentir à quel moment je me laisse embarquer par le mental, je peux situer l’émotion dans un espace de mon corps, je peux respirer en conscience quand la colère arrive, je sais prendre un pas de recul avec mon discours intérieur. Je sais que, lorsque je n’y arrive pas, je dois revoir mon quotidien, dormir plus, manger mieux, laisser l’alcool.

Je suis à l’écoute de ma boussole intérieure, j’apprends des clés pour réajuster, et cet apprentissage est constant.

Notre cerveau n’est pas fait pour être présent et connecté. Nous sommes constamment sur-stimulé avec des to-do list à rallonge. Revenir au présent, cela s’apprend, c’est une pratique comme une autre ; comme celle d’apprendre à marcher, surfer, skier, et respirer. S’il existe des techniques de respiration c’est parce nous avons perdu l’essence première de respirer en conscience comme sait le faire un bébé sans même y penser.

Combien de fois je dois moi-même m’accorder un temps de pause pour une pratique de respiration consciente car, dans les choses à faire de la vie je me retrouve souvent en apnée mais je sais à présent que je suis en apnée, je le ressens et le réajuste.

Voilà ce à quoi sert le yoga, ressentir et se réajuster à l’intérieur et au sein de son environnement.

C’est ok d’être stressé, ok de ne pas “y arriver” mais l’important est de ne pas s’arrêter à ce constat et cette croyance. C’est s’autoriser à continuer, y retourner, recommencer.

Le yoga est un process, la vie est un process.

Trust the process.

Crois moi, je suis la première à m’être dit que “ non, vraiment le yoga n’est pas fait pour moi ”.

Et finalement, regarde ou j’en suis.

Alors si tu es dans ce cas, essaie, n’abandonne pas, tout le monde est fait pour le yoga.

J’espère ces mots te donneront le coup de pouce qui te manquait pour essayer, réessayer ou continuer.

With Love

Always

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